Les Français roulent au radar
Combien ça coûte
13,5 millions de contraventions relevées par les services de police et de gendarmerie en 2002, 17,4 millions en 2005. Le « contrôle sanction automatisé » est rôdé. Même si, dans le même temps, le nombre de tués sur les routes est passé de 7 242 en 2002 à 5 318 en 2005, les radars sont encore souvent réduits à des « pompes à fric ». Un automobiliste français croise un radar en moyenne plus de deux fois par mois (sans forcément déclencher le flash, heureusement !). À raison de 45 € d’amende (pour une infraction constatée à moins de 20 km/h au-dessus des 50 km/h autorisés) et jusqu’à 1 500 € (pour plus de 50 km/h d’excès), les recettes fiscales tournent à plein régime. Les détecteurs de radar repérés, à leur tour, génèrent du « cash » : le Code de la route réserve à leurs possesseurs 1 500 € d’amende, une suspension du permis jusqu’à trois ans, le retrait de deux points et même la saisie éventuelle du véhicule ! Galvanisés par la bonne cause de la lutte contre les accidents, les pouvoirs publics investissent dans toujours plus de radars, plus impitoyables : 500 nouveaux appareils en 2007 s’ajouteront aux 1500 en place à la fin de cette année. Cinquante sur le lot seront capables de sanctionner le non-respect des distances de sécurité, d’un feu rouge ou d’un stop…. Sanctionner coûte cher à l’État : dans le projet de loi de Finance pour 2006, l’action « contrôle automatisé » prise en charge par un compte d’affectation spéciale (financé en partie par le produit des amendes) absorbe 140 millions d’euros de budget. C’est peu si l’on considère que le coût moyen d’entretien d’un radar avoisine les 60 000 € par an (chiffre en baisse). L’entretien des 2 000 machines en service en 2007 absorberait 120 millions d’euros !
Combien ça rapporte
Les pervenches ne diraient certainement pas le contraire : les « bleus budgétaires » diffusés cet automne (documents constituant le projet de loi de Finances et soumis à l'obligation de dépôt avant le premier mardi d'octobre) prévoient de confortables recettes fiscales tirées des amendes des radars automatiques. 680 millions d'euros rempliraient déjà les caisses en 2006. On table sur 60 millions de plus en 2007. Les 2 000 radars en place en 2007 rapporteraient ainsi plus de 740 millions d’euros de recettes fiscales. 60 % seront affectés au financement des radars et à la modernisation du Fichier national du permis de conduire. Les 40 % restants seront reversés à l’Agence pour le financement des infrastructures de transport de France (Afitf). Les annexes au projet de budget indiquent en outre que seule la moitié des flashs sont de qualité suffisante pour donner lieu à une contravention ! Lesquelles ne sont payées que par un tiers des contrevenants. Peu importe pour Sagem Défense Sécurité (groupe Safran). Le fournisseur officiel des radars depuis 10 ans tire profit de la politique renforcée pour la sécurité routière. Il entretient le plus grand réseau national de radars automatiques au monde. Et le modèle rapporte. À ce jour, 32 pays ont choisi ses automates et systèmes de sécurité routière. Fin septembre, le groupe Safran annonçait un chiffre d'affaires en croissance de 8 % sur les 9 premiers mois de l’année. La branche Défense Sécurité enregistre à elle seule une progression de 18,5 % à 1 001 millions d’euros.